En ligne | Exposition Esprit de presse

Accueillie à la Maison du livre, de l’image et du son début 2016, Esprit de presse est une exposition créée par Jeanne Macaigne, auteure, artiste et illustratrice. Nous vous proposons de (re)voir certaines de ses plus belles images.

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Les images de Jeanne Macaigne s’inspirent naturellement des mots, ceux du journaliste, puisque ses dessins illustrent toujours un article ou un reportage.
Pourtant, présenté ici hors de son « contexte » (le terme est  à prendre au sens premier : ce qui va avec le texte),  le dessin retrouve sa fonction essentielle, celle d’inspirer des émotions aussi variées que sourire, rêver, désirer, rire, s’interroger, divaguer, se plonger dans un détail…
Le dessin de presse serait-il tout à la fois un art et une écriture, une ré-interrogation du sens des mots ?
Pour nous, la réponse est oui. La beauté des images, toujours présente, parfois saisissante dans les traits de Jeanne Macaigne est aussi un langage. Comme dans un conte dessiné à la jonction de deux arts, celui de l’image et de l’écrit, nous vous invitons à voir les images qui suivent en vous réinterrogeant sur les mots.

Laquelle de ces deux phrases correspond le plus au dessin de l’affiche d’Esprit de presse qui a illustré la couverture de la revue XXI consacrée à la France au village ?

« Une aube se lève après une longue nuit dans un ciel irrigué de rouge. Une femme, résolue et forte, à la peau tatouée de paysages symbolise la beauté envoûtante et éternelle de la France des campagnes. »
« Dans les derniers feux du crépuscule une figure féminine disparait peu à peu. Sa beauté semble exotique tant la campagne est devenue étrange et lointaine dans un monde à présent essentiellement urbain. »

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Quels mots pour décrire une image ? Quelle image pour décrire un mot ? La réponse est que les yeux lisent et voient. Même absents, les mots peuvent revenir par la simple évocation d’une image.

Ainsi  ce dessin : hommage tout en douceur au pianiste Aldo Ciccolini qui venait de mourir et dont le talent marqua pendant plus d’un demi-siècle cet instrument. On notera comment le reflet sur le piano symbolise l’empreinte éternelle que l’artiste aura laissée à cet instrument.

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Publié dans la revue XXI, illustrant un article consacré à Isabelle Dos Santos, la première femme milliardaire d’Afrique, ce dessin symbolise les réseaux financiers tissés par la milliardaire angolaise. Cette dernière est la tête d’une nébuleuse à peine voilée de pétrole, de télécommunications dont tous les magnats se réunissent dans les night-clubs appartenant à la milliardaire.  On notera comme détail le dance-floor en forme d’échiquier et les platines aux couleurs des drapeaux angolais et portugais.

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Une question, ce vers d’Omar Khayyam, poète persan du Moyen-Age, vous semble-t-il convenir à ce dessin ?
« Nous sommes tous les pions de la mystérieuse partie d’échecs jouée par Dieu. Il nous déplace, nous arrête, nous pousse encore, puis nous lance un à un dans la boîte du Néant. »

Qu’il soit dessin de presse, illustration de conte ou enluminure, le dessin finit toujours par se rattacher aux mots. Alors à quel mot se rattache celui de Jeanne Macaigne.
Pour nous, il est intimement lié à la poésie au point de ne pas savoir s’il est un dessin poétique ou une poésie des images ? Nous vous proposons ainsi, pour conclure, d’imaginer les dessins qui correspondraient à ces vers.

Joie ! Ô Joie déliée de hauteurs du ciel !
Qu’a rêvé ton cœur sans savoir qu’il l’a rêvé !
Kim ne faisait rien, ce dont il s’acquittait avec un succès immense.
Les larmes coulent au spectacle du monde
Regarder avec les yeux, finir avec le cœur.
(en créole Get ej lë zië, fini ek lë kër »)

D’autres images de Jeanne Macaigne sur son site.
Pour tout savoir sur les images présentées dans cet article : ici