Harry Potter, Shining, Le Seigneur des Anneaux, Le Silence des Agneaux… mais également Mme Bovary, Autant en emporte le vent… toutes ces nombreuses histoires qu’on adore au cinéma viennent en réalité de la littérature. Cette adaptation des œuvres littéraires au cinéma est une pratique très ancienne puisque même les frères Lumière adaptèrent Jules Verne.
À l’occasion de la sortie du dernier film de Night Shyamalan, Knock at the cabin, adapté de l’excellent roman La cabane aux confins du monde de Paul Tremblay (Gallmeister, 2018), nous vous proposons une petite sélection de romans, lus et appréciés, et dont la transposition à l’écran a été une réussite.
Luke la main froide, film américain réalisé par Stuart Rosenberg (1967), a été adapté roman homonyme de Donn Pearce (1967).
Film emblématique des années 1960, ode à la liberté et dénonciation des conditions de détention dans des chain gangs (groupe de prisonniers enchaînés ensemble et contraints d’effectuer des travaux pénibles) surveillés par des gardiens sociopathes, Luke la Main Froide est d’abord un roman que l’on a plaisir à découvrir dans sa traduction française publiée trop discrètement par les éditions le Passage du Nord-Ouest en 2011 avant d’être éditée en poche par Rivages. L’adaptation cinématographique est très fidèle au roman et donne d’ailleurs à Paul Newman un de ses plus beaux rôles. Voilà donc l’occasion de découvrir un étonnant roman, malheureusement très peu connu et de (re)découvrir ce film.
Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Miloš Forman (1975), adapté du roman éponyme de Ken Kesey, sorti en 1962.
Sorti en 1975, le film de Miloš Forman est tout simplement magistral et offre à l’acteur Jack Nicholson l’un de ses plus beaux rôles. On y suit l’arrivée dans un hôpital psychiatrique de R.P. McMurphy, criminel essayant d’échapper à la prison. Le livre est tout aussi culte que le film, tout aussi intelligent que cynique. Voilà un exemple d’adaptation réussi qui dénonce les dérives et la folie d’un système d’internement pour personnes atteintes de « troubles mentaux ».
Forrest Gump, comédie dramatique de Robert Zemeckis (1994) adapté du roman du même nom de l’écrivain Winston Groom, paru en 1986.
Si le roman n’a pas rencontré à sa sortie le légitime succès qu’il méritait, le film de Zemeckis a permis d’y remédier. Bien qu’épurée par rapport au roman et moins mélancolique, l’histoire du gars un peu simplet qui traverse candidement la seconde moitié du XXe siècle américain, parfois au plus près des événements historiques, est imparable. On se délecte autant de lire cette belle histoire que de la visionner.
Sur la route de Madison de Clint Eastwood (1995), adapté du roman éponyme de Robert James Waller, best-seller paru en 1992.
Un livre magnifique ! Un film tout aussi sublime qui relate une romance impossible et poignante entre un photographe de passage et une mère de famille qui ne peut se résoudre à tout plaquer pour le suivre. Bien que le film fût réalisé sans la participation du romancier, il retranscrit fidèlement la sensualité, le tragique et la beauté de cette brève histoire. Une parenthèse enchantée inoubliable faite de sentiments subtils portés par un couple d’acteurs mémorables, Meryl Streep et Clint Eastwood.
No Country for Old Men, film policier des frères Coen (2007) adapté du roman Non, ce pays n’est pas le vieil homme de Cormac McCarthy paru en 2005.
Nous vous recommandons très fortement autant la lecture de ce thriller palpitant que le visionnage truculent du film. Se déroulant quelque part sur la frontière entre les États-Unis et le Mexique dans les années 1980, l’histoire porte sur un trafic de stupéfiants qui a mal tourné. Crépusculaire, élégiaque, le film sidère par sa puissance visuelle qui sublime l’épopée macabre de McCarthy.
Je suis une légende, film d’anticipation post-apocalyptique réalisé par Francis Lawrence (2007) et troisième adaptation cinématographique du roman homonyme de Richard Matheson, paru en 1954.
Je suis une légende est un roman de science-fiction de l’auteur américain Richard Matheson paru en 1954 et adapté à trois reprises au cinéma, en 1964, 1971 puis en 2007. L’histoire qui revisite le mythe du vampire en imaginant une pandémie qui décime l’humanité à l’exception d’un certain Robert Neville, immunisé, est devenue un véritable classique. Si son adaptation à l’écran de 2007 est bien loin des subtilités du roman, la 1ère adaptation de 1964 est devenue un film culte pour les amateurs du genre.
«La Route de John Hillcoat (2009) adapté du roman post-apocalyptique de Cormac McCarthy publié en 2006 et qui a été récompensé par le prix Pulitzer de la fiction en 2007.
Que l’on se le dise d’emblée, le roman de Cormac McCarthy est infiniment plus noir et saisissant que l’adaptation sur grand écran. La longue odyssée d’un père et de son fils dans un monde dévasté, couvert de cendres est en effet beaucoup moins rassurant dans le roman que dans le film. Les chapitres courts et directs, l’écriture sèche et acérée confèrent à l’histoire écrite une dimension horrifique bien plus tenue. Mais le film demeure fidèle à la trame du récit et devrait ravir tous les adeptes de films de survie.
Shutter Island, thriller psychologique réalisé par Martin Scorsese (2010), est une adaptation réussie du roman du même nom de l’écrivain Dennis Lehane publié en 2003.
Le formidable film de Martin Scorsese reprend les éléments essentiels du remarquable thriller de Denis Lehane, avec, entre autres, l’hôpital psychiatrique ultra-sécurisé qui abrite des malades particulièrement inquiétants, la disparition d’une patiente, sans omettre le duo de policiers qui débarquent sur l’île pour résoudre cette ténébreuse affaire. On n’en dira pas plus, excepté que le film est une réussite à l’égal du roman qualifié avec les années de véritable chef d’œuvre.
Nous pourrions continuer indéfiniment à lister les exemples de transposition de l’écrit à l’image tant le cinéma ne cesse de s’inspirer de la production littéraire. Les exemples foisonnent à l’instar de :
Un roi sans divertissement, film français réalisé par François Leterrier, sorti en 1963 et adapté du roman éponyme de Jean Giono, qui signa lui-même l’adaptation du film.
Les Âmes grises, film français réalisé par Yves Angelo (2005) et adapté du roman de Philippe Claudel.
Winter’s Bone, film réalisé par Debra Granik en 2010 et adapté du magnifique roman éponyme de Daniel Woodrell
Au revoir là-haut, comédie dramatique réalisée par Albert Dupontel (2017) est une adaptation du roman du même nom de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013.
Chanson douce, film français réalisé par Lucie Borleteau (2019) adapté du roman du même nom de Leïla Slimani, Prix Goncourt 2016
Le Jeu de la dame, mini-série américaine créée par Scott Frank et Allan Scott pour Netflix (2020), adaptée du roman éponyme de Walter Tevis publié en 1983.
Les illusions perdues, film réalisé par Xavier Giannoli (2021) et adapté du roman éponyme d’Honoré de Balzac (écrit entre 1837 et 1843).
Dune, première partie, film de science-fiction réalisé par Denis Villeneuve (2021) est la troisième adaptation du roman Dune de Frank Herbert paru en 1965.
Bref, les exemples ne manquent pas. Reste à savoir s’il est plus judicieux de commencer par visionner le film ou par lire l’œuvre écrite originelle…