Les relations familiales sont l’intrigue de nombreux romans. Les liens entretenus avec ses semblables engendrent très souvent des histoires complexes et passionnantes toujours riches en rebondissements. Au sein de ses relations intimes, le rôle de la mère s’avère souvent central, voire même une évidence. De la mère cruelle et sadique, à la mère protectrice et bienveillante, en passant par la mère absente, rien n’échappe à la représentation littéraire des figures maternelles.
Sans être exhaustive, une sélection de meilleures figures maternelles dans la littérature mais aussi des pires est disponible sur le catalogue des médiathèques.
Quatre romans de la dernière rentrée littéraire nous ont particulièrement touchés dans leur façon de mettre au centre de leur intrigue la figure maternelle. À découvrir sans plus attendre !
1-Rosa dolorosa de Caroline Dorka-Fenech. La Martinière, 2020
Dans son sublime premier roman, Caroline Dorka-Fenech dissèque avec beaucoup de finesse et de justesse l’amour inconditionnel que peut avoir une mère. Avec à peine dix-neuf ans d’écart, la mère et Lino, le fils, forment un duo en parfaite osmose. Ils vivent ensemble, travaillent ensemble. Dans leur relation exclusive et indiciblement forte, ils partagent le même rêve, celui d’ouvrir un hôtel. Une relation fusionnelle et insouciante qui vole promptement en éclat lorsque Lino est suspecté de meurtre. Face à l’adversité, jusqu’où une mère peut-elle aller pour protéger son fils ? Vous le découvrirez dans cette hypnotique histoire lourde et noire.
2- Mère à mère de Sindiwe Magona. Mémoire d’encrier, 2020
Dans un registre plus tragique et douloureux puisque l’histoire a pour point de départ un fait divers meurtrier survenu dans un township du Cap en 1993, « Mère à mère » raconte la vie d’une mère en Afrique du Sud post-Apartheid. Mandisa, mère courage, ne cherche pas ici à protéger son fils, l’assassin. Elle déverse avec un amour tranchant et une colère sourde, des mots cruels, des mots de vie. Elle s’adresse à la mère de la victime.
C’est puissant, poignant et terriblement intime. C’est la confession d’une mère à une autre, loin de toute préoccupation politique ou idéologique. La première essaye de faire comprendre à la seconde le poids de la violence laissé par l’Apartheid et le poids de la société patriarcale… Bref, la parole de cette mère déchirée entre son amour pour son fils et un « sentiment profond d’échec personnel » est tout simplement bouleversante.
3- Les Lionnes de Lucy Ellmann. Seuil, 2020
Les préoccupations de la mère de famille de l’excellent roman « Les Lionnes » sont davantage existentialistes mais toutes aussi puissantes. Ses tourments, communs à bien des femmes, touchent l’éducation et le bien-être des enfants, mais également la condition féminine, le vieillissement, la maladie, ainsi que des questions plus vastes comme l’environnement, la politique. Bref, le tragique de l’héroïne est trivial. Esclave de son foyer, elle trime dans sa cuisine à fabriquer des tartes dont elle ne cesse de se remémorer les ingrédients, les tours de main nécessaires à leur réussite. Dans un monologue intérieur sidérant, plongez dans les pensées d’une mère d’aujourd’hui secouée à chaque page par la folie du réel.
4- Les Secrets de ma mère de Jessie Burton. Gallimard, 2020
Terminons enfin par le portrait d’une mère aux antipodes des trois précédents. Bien loin de l’image de la maman protectrice et aimante, l’héroïne, Rose souffre d’avoir été abandonnée par Elise, sa mère. Perdue, peinant à savoir d’où elle vient, la jeune femme se lance sur la piste de cette mère insaisissable. Entre fuites et rencontres, passé et présent, on est emporté dans une grande quête d’identité. Sur les traces de sa mère, Rose est loin d’imaginer le chamboulement qu’elle va causer. Jessie Burton signe un roman d’une grande intensité. Mélangeant enquête, suspens, secrets de famille, elle nous transporte habilement entre deux époques, nous invitant à réfléchir sur la liberté intérieure et la difficulté de trouver sa juste place dans le monde lorsqu’on est une femme.