Comment construire son identité quand le cœur balance entre deux cultures ?
Californie, Vallée de San Fernando, 1992.
K est un jeune garçon d’origine iranienne. Il a 9 ans. Son rêve, à lui, c’est de devenir un « vrai américain » comme d’autres voudraient devenir pompier ou médecin quand ils seront plus grands. K vit en Californie avec baba (son père), sa mère et ses deux frères aînés Shawn et Justin. K n’a pas de prénom américain contrairement à ses deux frères. Ils partagent une même chambre, un lit à trois étages, la passion du basket et l’ambition de devenir « de vrais américains ». Ils passent leur temps à jouer au basket et à trainer sur les bords du fleuve avec Johnny et les autres, mais surtout Johnny, qui ne tarde pas à obséder K.
K est le petit dernier, ne comprend pas tout ce qu’il se joue au sein de sa famille. Il observe. Il décrypte avec ses yeux d’enfant. Maryam, sa mère, se tue à la tâche à l’hôpital afin de subvenir aux besoins de sa famille. Baba, autrefois ingénieur à Téhéran, ne travaille plus. Il boit. Beaucoup. Il joue. Beaucoup. Et il ressasse, beaucoup, ses souvenirs de sa jeunesse passée en Iran. Il est aussi violent et imprévisible.
K voit son monde basculer quand, un jour, son père vient le récupérer à l’école. Shaw et Justin sont là eux aussi. Ils partent pour Ispahan, en Iran. L’Iran dont ils sont originaires mais dont ils ne connaissent rien : ni la culture, ni leur famille restée au pays. Quand ils rentrent en Californie, rien n’est plus pareil. Et ce n’est que le début pour la fratrie qui connaîtra bientôt les affres du 11 septembre et son lot d’islamophobie.
Une écriture sobre, poétique et efficace. L’auteur nous livre un récit intime et doux amer à travers le regard naïf et paradoxalement lucide du narrateur. Dans ses mots, transparaissent l’ambivalence des émotions chez un enfant devenu adulte beaucoup trop tôt. La quête d’identité et de sens de K est guidé par un désir de se faire une place dans un monde tiraillé par les difficultés économiques, les tensions raciales et un tissus familiale qui ne cesse de s’étioler.
Reste alors ses frères comme consolation. Mais pour combien de temps ?