Découvrir | Culte !

Je veux des films qui excitent, stimulent, choquent, perturbent… qui surprennent, qui agressent et qui électrisent, qui nous donnent à penser, qui inspirent, qui essaient de manière générale de réveiller un public de cinéma de plus en plus somnambule. Je ne veux pas que les films nous bercent vers un sommeil encore plus profond, nous encouragent à croire que le monde est un endroit simple et sûr. Je veux qu’ils prennent des risques, qu’ils soient dangereux, qu’ils explosent au milieu de l’assistance en laissant au plus profond de nos psychés des éclats émotionnels ou intellectuels – des échardes qui nous suivront pour le restant de nos jours.

Terry Gilliam (préface du Petit livre des Films Cultes, de Christophe GOFFETTE)

 

 

Qu’est-ce qu’un film culte ? Un film dont on se souvient 50 ans plus tard ? Un film dont les dialogues sont entrés dans les expressions populaires ? Un film cité en référence par des générations de cinéastes ?

Au cinéma, la notion de culte est difficile à cerner, d’autant plus que le mot « culte » lui-même a été galvaudé et employé à tort et à travers. Ce que l’on peut déjà poser, c’est que cette notion qualifie un film en fonction de la façon particulière dont il est reçu par le public ou une partie du public. C’est un film qui fait l’objet d’un culte !

Plusieurs éléments nous permettent de définir le film culte.

 

Un film culte se situe dans la marge et sert de référence à un nombre plus ou moins restreint d’aficionados. Loin d’être apprécié de tous, un film culte ne flatte pas le grand public, il est hors normes, voire dérangeant. Il suffit de penser à des films tels que Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971), Eraserhead (David Lynch,1976) , Delivrance (John Boorman, 1972), La Grande bouffe (Marco Ferreri,1973), Delicatessen (Marc Caro, Jean-Pierre Jeunet, 1990), Stalker (Andreï Tarkovski, 1979), Cruising (William Friedkin, 1980)… The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975) est l’exemple même du film culte possédant son cercle d’admirateurs fidèles (ceux-ci se réunissent régulièrement pour des projections-spectacles où les scènes du film sont en même temps reprises par des acteurs). Pour les puristes, un film culte est d’abord un film ayant gardé une certaine confidentialité, au moins à ses débuts. Entrent dans cette catégorie des films de réalisateurs indépendants, des films qui n’ont pas eu le succès escompté à leur sortie. Il peut s’agir de films ayant un format particulier, une réalisation novatrice, de films qui ont choqué à leur époque ou ont paru décalés par rapport aux standards de commercialisation.  

Orange mécanique affiche du film de KubrickCe qui distingue aussi un film culte d’un autre film, c’est sa capacité à symboliser. Certains films sont considérés culte pour avoir été le signe de ralliement de toute une génération se partageant répliques culte et collectionnant objets s’y référant avec la même passion. Le film culte est donc aussi générationnel, souvent scénarisé pour plaire à une tranche d’âge plus ou moins précise de spectateurs, à savoir les adolescents ou les jeunes adultes, et pour marquer une opposition entre la jeunesse et le reste de la population. Bonnie et Clyde (Arthur Penn, 1967), La Fureur de vivre (Nicholas Ray,1955), Les Valseuses (Bertrand Blier, 1974), Star wars (George Lucas, 1977), Trainspotting (Danny Boyle, 1996), La Haine (Mathieu Kassovitz, 1991), Retour vers le Futur (Robert Zemeckis, 1985), L’Auberge espagnole (Cédric Klapisch, 2002) en sont de bons représentants.

Culte sont aussi certains vieux films du patrimoine cinématographique qui ont tant apportés au langage du septième art. Cultes parce que pionniers donc ! Citizen Kane (Orson Welles, 1941), Casablanca (Michael Curtiz, 1942), King Kong (Merian C. Cooper, Ernest Schoedsack, 1933), Métropolis (Fritz Lang, 1926), La Nuit du chasseur (Charles Laughton, 1955)… Quelques grandes fresques historiques sont aussi régulièrement citées comme étant des films cultes : Lawrence D’Arabie (David Lean, 1962), Spartacus (Stanley Kubrick, 1960), Le Docteur Jivago (David Lean, 1965)…

Affiche du film Star WarsEnfin, culte sont aussi des films dits « premiers de la classe » (et cités dans le livre Le Petit livre des films cultes de Christophe Goffette)…  Soit qu’ils aient servi de détonateur dans l’éclosion d’un genre particulier, soit qu’ils soient encore de nos jours des modèles inégalables. A ce titre, on peut citer 20 000 lieues sous les mers (Richard Fleischer, 1954) ou Les Contrebandiers du Moonfleet (Fritz Lang, 1955). Lord Jim (Richard Brooks, 1965) est le parfait archétype du film d’aventures.  Laura (Otto Preminger, 1944) a établi des bases solides pour initier le polar. La Tour infernale (John Guillermin, 1974) incarne LE Film catastrophe. Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979) est LE Film sur la guerre du Vietnam. Ben-Hur (William Wyler, 1959) est LE Péplum !

Le film qui fait l’objet d’un culte l’est donc pour des raisons très diverses ! Mais le plus souvent, beaucoup s’accordent à dire que tel film est culte !

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