Découvrir | Canicule et pellicule

 

Il fait chaud. Très chaud ces jours-ci. On vénère le soleil c’est sûr, mais quand l’été brûle, qu’il est bon de pouvoir se réfugier dans une salle noire ! Il y fait plus frais, disons autour de 24 degrés, comme les 24 images par seconde du cinéma. 35 degrés dehors, 35 millimètres dedans : il nous enveloppe de rêves et de fraîcheur. Quand pellicule et canicule se superposent, cela nous donne des envies de siroter des films et de la citronnade.

 

Ça transpire pas très sec dans Il était une fois dans l’ouest. Dans les westerns, même dans l’obscurité des saloons, poussière et transpiration font plisser les yeux des bons, des brutes et des truands. Il faut dire que la chaleur, comme l’injustice, ça tape sur les nerfs, surtout quand le ventilateur ne ventile pas bien 12 hommes en colère. 37°2 le matin, c’est sûrement la température qu’il fait sur la plage de Gruissan quand Béatrice Dalle, sous un coup de soleil passionné décide de tout brûler pour un nouveau départ. 37°2 le matin, c’est aussi la température d’une femme enceinte au réveil.

Réveils langoureux et lents à la verticale de l’été. Sècheresse inquiétante à Taïwan où La saveur de la pastèque éveille d’autres verticalités, dans un climat de fin du monde.
Réveil sous un plafond de Saïgon, où ventilateur et hélicoptère fouettent l’air de la guerre. Derrière Doors et fenêtres, la mythique séquence d’ouverture d’Apocalypse now, annonce déjà la fin, The end, sublime amie… De sublimes amies, Burt Lancaster en a de moins en moins, même si c’est un swimmer, hors pair, plongeant de piscine en piscine pour rentrer chez lui. Il fait chaud et il est si beau au début du film, mais il frissonne et n’est plus personne juste avant l’orage de fin…
Et il éclate encore, terrible et libérateur au bout d’Arizona Dream, alors que Johnny Depp et Lili Taylor se rapprochent. Sur un toit, rapprochement encore des jeunes protagonistes du récent Ciel rouge, dans une Allemagne du nord en feu, rouge urgence climatique.

Les touristes et les cinéastes sont toujours allés voir Du côté de la côte. Agnès Varda et Rebecca Zlotowsky filment les Filles faciles mais pas tant que ça, les maillots de bain et les jeux amoureux, légers mais pas tant que ça non plus…Azur, la côte coûte et s’use. La promenade des Anglais que filme Jean Vigo À propos de Nice et de ses fractures sociales est un peu grinçante. 
Les grandes villes se vident. Paris au mois d’août est souvent filmée en long en large et en travellings. On lutte comme on peut contre le béton chaud qui absorbe l’ennuie. Quand Le déjeuner du 15 août se fait en compagnie de personnes âgées dans une Rome en surchauffe, il faut comme Gianni rafistoler un ventilateur de toute urgence ou bien se jeter du pont Saint Angelo comme Accattone, par provocation plus que par folie, histoire de “donner satisfaction au peuple” !

Ha ! Ce cher mois d’août ! Mais quand on n’a pas la chance comme M. Hulot de partir au bord de l’océan, pour arroser les autres vacanciers de sa maladresse légendaire et savoureuse et bien… on reste.
Eva en août, reste à Madrid par exemple, sa ville natale qu’elle arpente, vaquant de rencontre en rencontre, de fêtes populaires en bars nocturnes, sous les yeux des saints patrons de la ville. Mollesse, paresse, espoirs et réflexions d’une jeune trentenaire attachante qui nous révèle qu’au mois d’août, on peut vraiment être soi-même. En période de canicule, il faut faire ce qu’il faut, Do the right thing en somme et en anglais : mettre la tête dans un bac plein de glaçons, détourner l’arrivée d’eau publique pour la faire rejaillir en pleine rue à Brooklyn. Et pendant que les esprits s’échauffent, le thermomètre monte durant ces pénibles “dog days” : jours de chien. Notons ici l’origine du mot français “canicule” qui vient du latin “caniculares dies”, littéralement “les jours des chiens”.

On se rappelle enfin de James Stewart, reporter malchanceux qui, déformation professionnelle et jambe cassée obligent, ne peut rien faire d’autre que d’observer par la Fenêtre sur cour, voisins et voisines, toujours à New York, par jour de chien.

 

 

Alors si vous ne pouvez pas aller au cinéma, venez retrouver nos sélections de DVD à la mlis !
Les films à la maison, volets fermés ça fait partie de l’été. Et si comme nous, vous ne pourrez pas quitter la Ville Urbaine, venez donc à la veille du 15 août, à l’ombre de la mlis pour une projection de courts-métrages aux couleurs de l’été, accompagnée d’une bonne citronnade !

 

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