Retour sur | De l’intime à l’universel : le geste documentaire comme expérience artistique. Carte blanche à Patrick Leboutte.

Samedi 17 novembre 2019 – 15h – Maison du livre, de l’image et du son – dans le cadre du Mois du film documentaire – entrée libre

Une rencontre à réécouter ici.

Patrick Leboutte est écrivain, essayiste, penseur du cinéma. Président de l’association Des Images, il conçoit ou programme régulièrement des manifestations cinématographiques et anime de nombreux séminaires, en Belgique comme en France, dans l’esprit de la revue L’image, le monde dont

il fut cofondateur en 1999 et rédacteur en chef. Responsable éditorial de la collection Le geste cinématographique aux Éditions Montparnasse (Jean Rouch, Robert Flaherty, les groupes Medvedkine, Robert Kramer…), il enseigne l’histoire du cinéma à l’INSAS de Bruxelles. Il est l’auteur de plusieurs livres, notamment  Une encyclopédie des cinémas de Belgique (Codirection, 1990) et Ces films qui nous regardent, une approche du cinéma documentaire (2002).

Ce qui arrive à quelqu’un en un temps et un lieu particulier, devant un écran, un événement singulier qui, comme la conversation, passe par les deux sens, et dont l’existence est confirmée par les traces qu’il laisse. C’est ce double mouvement qui nous projette vers autrui en même temps qu’il nous ramène au fond de nous-mêmes. Le cinéma est un geste documentaire que Patrick Leboutte définit comme une opération menée sur le monde et l’image qui l’exprime, où le sujet filmant oublie ce qu’il savait au préalable du sujet filmé, au profit d’une nouvelle relation née de l’acte cinématographique lui-même, dans le présent du tournage et du montage, dans la disponibilité à leurs aléas, où le travail ainsi conçu, au fur et à mesure qu’il se construit, est précisément ce qui documente tout à la fois le monde, le cinéma, le cinéaste et, au bout du parcours, le spectateur devant un écran.

Qu’est-ce que le geste documentaire ?

à 15h
Patrick Leboutte livre ses réflexions sur le cinéma documentaire

“Partir, au plus loin comme au plus proche, enregistrer d’autres gestes, d’autres corps, […] puis revenir ensuite pour transmettre cette expérience du monde aux spectateurs : ce mouvement définit traditionnellement la vocation du cinéma documentaire, art de rendre compte de la réalité à partir de la réalité même, sans artifices. Pour ma part, j’attends davantage du cinéma : qu’il ne se contente pas de filmer le monde tel qu’il serait, mais qu’il fasse voir au-delà […] qu’il l’interroge, l’interprète, le mette en forme, le reconstruise, m’offrant de me situer personnellement face à lui.”  Patrick Leboutte

à 16h30
Héligonka

Projection du film de Yann le Masson (France, 1984, 26 min), suivie d’une discussion avec le public.

Patrick, frère du cinéaste, atteint du diabète, perd peu à peu la vue. Il a accepté un traitement au laser comme seule alternative à la cécité totale, traitement qui détruit presque toute la rétine pour ne conserver que la vision centrale. Pendant trois ans, le réalisateur l’a suivi dans sa vie quotidienne, marche vers le noir, où il apprend au jour le jour à toucher, écouter, deviner, sentir, résister. La caméra rétrécit son champ au fil du temps pour “voir” comme Patrick.

“Caméraman d’exception et par ailleurs marinier, Yann Le Masson est une légende du cinéma documentaire direct dont chaque film balisa l’histoire du geste documentaire.” Patrick Leboutte

à 18h
Les deux Visages d’une femme Bamiléké

Projection du film de Rosine Mbakam (Belgique/Cameroun, 2016, 86 min), suivie d’une discussion avec le public.

Je m’appelle Rosine Mbakam, j’ai 34 ans, je suis camerounaise, j’ai grandi au Cameroun jusqu’à mes 27 ans dans le respect des traditions. En 2007, je pars pour la Belgique pour y poursuivre mes études. C’est la première fois que je quitte mon pays. Ma mère s’appelle Mâ Brêh en Bamiléké ou encore Mâ. Elle a 68 ans et a toujours vécu au Cameroun. Elle a grandi dans le maquis où sa famille comme beaucoup d’autres fuyaient la répression des colons français. Elle s’est mariée à l’âge de 18 ans avec un homme que ses parents lui avaient présenté.

Le film raconte le retour d’une jeune femme dans son pays d’origine, le Cameroun, ses retrouvailles avec sa mère, construites autour des espaces revisités du vécu des deux femmes.

A la recherche des sentiments enfouis, des histoires, de sa propre histoire. Donner vie aux voix endormies dans le silence. Éclairer les visages des femmes d’une communauté́ qui a construit pour faire jaillir d’autres couleurs de ces visages.

Le film de cette jeune cinéaste est une merveille qui frappe par la densité de l’émotion qui se dégage des salles en fin de projection.” Patrick Leboutte

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